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Solidarité avec les peuples de Martinique et de Guadeloupe !

Le mouvement aux Antilles amorcé en novembre 2021 a commencé par la lutte de soignants associée à celle des pompiers vis à vis du refus de l’obligation vaccinale. Ce sont des syndicats et des travailleurs organisés qui ont pris l’initiative d’une grève générale.


Une lutte populaire à l’appel des travailleurs


Plus qu’une simple opposition, de nombreux salariés ont fait entendre leur voix en exigeant « l'octroi de moyens humains et matériels indispensables pour l'hôpital public » et l’arrêt des pressions exercées sur les salariés en lutte, y compris sur leurs lieux de travail. Le combat, en élargissant ses revendications et en intégrant de nouveaux secteurs, tels que la pêche et le monde du spectacle, ne s’est pas dissolu mais bien renforcé en se basant sur les conditions matérielles d’existence des populations.

Contrairement à ce que l’on a tendance à résumer, à la fin du mois de novembre les organisations ne se contentent pas de s’opposer à la vie chère, au pass vaccinal, ou à des mesures locales : il s’agit d’un mouvement conscient du contexte global des luttes et de l’offensive structurée du capital à l’encontre des travailleurs. Dès juin 2021, on revendique en Martinique l’ ’« augmentation des salaire , des pensions et des minimas sociaux », l’' « arrêt du développement de l'emploi précaire », ou encore l’ « abandon définitif des réformes des retraites et de l’assurance-chômage ».


Au cours de la période, les grèves et les barrages des axes routiers et des ports, paralysant ainsi l’économie, ont constitué une forme de pression non négligeable. Surtout si l’on tient compte du peu d’infrastructures et de transports existant sur ces territoires.


Les médias bourgeois ont évidemment mis en avant le caractère violent de certains événements, préférant extrapoler plutôt qu’analyser et expliquer les besoins sociaux et intérêts exprimés par la population et les syndicats, abandonnés par des élus locaux silencieux et se gardant bien, pour la plupart, de prendre position.


Pourtant, c’est grâce à l’élévation du rapport de force (avec ses composantes « spontannées ») que le gouvernement a bon gré mal gré été amené à négocier.


En réalité, c’est bien parce que le pouvoir voulait les îles sous contrôle, et éviter une contagion sociale en France métropolitaine, mais sans chercher à répondre « dans le fond » aux revendications, qu’il a tout de même d’une part concédé des sursis quant à l’obligation vaccinale/suspensions (ce qui ne fait que décaler la mesure dans le temps sans la supprimer ; et d’autre part, envoyer le GIGN et instaurer le couvre-feu pour refermer la cocotte-minute.

Le couvre-feu est une arme politique


Les couvre-feux néocoloniaux instaurés ces derniers mois en Martinique et en Guadeloupe, et toujours en cours, a été utilisé, sous de faux et ridicules prétextes sanitaires, pour intimider la population. Certains préfets ne s’en sont pas même pas cachés, invoquant ainsi un « retour au calme ».


Le couvre-feu, mesure peu appliquée en temps de paix, - à l’exception notable des travailleurs algériens immigrés en France pendant la guerre d’Algérie (et qui seront victimes du massacre colonial du 17 octobre 1961) – montre désormais clairement son rôle : instaurer un climat de peur et de tension latente, de contrôle spatial par l’Etat et des espaces urbains, et d’intimidation/infantilisation des individus sommés de « rester chez eux ». Donc protéger le pouvoir et à réprimer les protestations.


Nous n’oublions pas les multiples hypocrisies dont a fait preuve le gouvernement en ne proposant que des contraintes aux citoyens pour endiguer la pandémie, après avoir supprimé des milliers de lits d’hôpitaux, après avoir tenté de dérembourser les tests, après avoir préféré sanctionner que guérir...


Il est d’autant plus malvenu de limiter les libertés des Antillais au nom de la santé et de l’Etat d’urgence que certaines zones sont depuis longtemps plongées dans la misère et l’insalubrité, les réseaux d’eau potable et courante étant ponctuellement interrompus. Dans ces conditions, les protocoles d’hygiène, les gestes barrières et la qualité des soins s’avèrent dérisoires.


Par ailleurs, la population exige encore et toujours des moyens pour gérer la crise du chlordécone. Ainsi, plus de 90 % de la population aurait été en contact avec ce pesticide cancérigène. Rappelons au passage, que c’est bien pour ne pas ébranler les exportations de bananes que l’interdiction de ce pesticide a été promulguée, par décret dérogatoire, trois années après son interdiction sur le sol métropolitain.

Un statut d’exception insulaire qui profite à l’état français


En marge de la métropole, les Antilles, dont le caractère insulaire et l’éloignement ont toujours profité à l’Etat français, subissent à la fois l’exploitation néocoloniale et la répression du capital.


Aux Antilles, le travail est toujours orienté vers des services rendus aux métropolitains : tourisme, restauration et exportation de produits agricoles « exotiques »… Si le salaire minimum est pratiquement égal à celui de la métropole, la hausse des prix est vertigineuse ; les prix, déjà exorbitants notamment au niveau du gaz, ont connu une inflation de près de 38%.


Les territoires et départements d’outremer subissent, comme en France métropolitaine, la vie chère dans le cadre d’une économie de marché inhérente au capitalisme. Dans cette logique où tout est tourné vers le profit, c’est le prolétariat tout entier des îles qui ne parvient plus à vivre de son travail.


L’Etat laisse le coût de la vie augmenter et les infrastructures se dégrader sans qu’aucune réelle solution ne soient apportée. Les transports publics insuffisants et les coupures d’eau incessantes portent atteinte à la qualité de vie des habitants si bien que bon nombre se sentent être des citoyens de seconde zone que l’Etat Français prive de dignité.


Le sentiment de défiance à l’égard du pouvoir est d’autant plus justifié que le contexte est marqué par un lourd passé colonial et esclavagiste. Les arguments indépendantistes sont évidemment réaffirmés et légitimés dans la période et bon nombre de militants prennent aussi part à la cause sans pour autant que le combat ne soit cristallisé autour de cette dernière issue.


Notons que même si la Martinique et la Guadeloupe ne sont plus officiellement des colonies françaises, ce sont encore les “békés”, descendants d’esclavagistes qui possèdent la majorité des moyens de productions, des commerces et des cultures. Cette caste coloniale contrôle toujours bel et bien l’économie des îles. En ayant indemnisé les békés en 1848, puis en démultipliant les faveurs faites au grand patronat depuis des décennies, l’impérialisme français n’a fait que renforcer cette bourgeoisie locale et la sur-exploitation des travailleurs antillais.


Enfin, l’éloignement favorisant les abus en tout genre, l’Etat français se permet de mettre en œuvre une véritable répression en marge de la métropole en envoyant des militaires, le GIGN et en mettant en en place un couvre-feu bien particulier contre les « violences nocturnes ».


Rappelons également que durant la phase aiguë de la pandémie, le gouvernement français a fini par accepter, du bout des lèvres et après avoir longtemps refuser toute discussion, le déploiement, temporaire, en Martinique de médecins cubains. Nul doute qu’une telle initiative, avec de la volonté politique, pourrait être renouvelée pour aider les peuples de Martinique et Guadeloupe.

Le combat mené par nos camarades et la répression subie aux Antilles se doivent d’être rendues visibles sous une autre grille de lecture que celle imposée par les médias dominants, au même titre que toutes les luttes menées en métropole et partout dans le monde.


Entre la vie chère, la répression et l’ingérence impérialiste toujours plus perceptible, il est de notre devoir de rappeler que le peuple d’outremer est avant tout victime du système capitaliste. Les Etats d’urgences perpétuels ne sont que des prétextes fascisants afin de contrôler les masses et de canaliser les luttes de ces travailleurs que nous saluons.

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