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Liberté pour Georges Ibrahim Abdallah ! Retour sur la manifestation à Lannemezan du 26 octobre dernier

 

Georges Ibrahim Abdallah est un résistant communiste libanais, combattant de la cause palestinienne. Il fait partie des fondateurs des Fractions Armées Révolutionnaires Libanaises.

 

Il est emprisonné depuis 1984 en France dans la prison de Lannemezan, accusé des assassinats d'un diplomate américain et d'un agent du Mossad, revendiqués par les FARL. Il est libérable depuis 1999, mais l’Etat français refuse de signer l'arrêté d'expulsion vers le Liban nécessaire à sa liberté.

 

Tous les gouvernements, qu’ils soient de droite ou de gauche, ont refusé sa libération, montrant ainsi qu'il ne cesseront jamais de soutenir l’Etat sioniste contre la résistance. Soulignons aussi le rôle des États Unis, partie civile dans le dossier, qui font pression sur le gouvernement français pour refuser de libérer Georges Abdallah.

 

Cela nous démontre que sur les questions fondamentales, la justice et le droit servent la classe au pouvoir. S’il avait renié son engagement, Georges Abdallah serait aujourd’hui libre. Mais il a refusé de devenir un “repenti” qui dénonce des actes de résistance et participe à leur transformation en “terrorisme”. Au contraire, à travers ces années il est resté un communiste et un révolutionnaire qui a poursuivi son militantisme depuis les murs de sa prison.

 

Il n’y a donc que le rapport de force qui pourra l'en extraire : c'est pourquoi tous les ans une manifestation a lieu à Lannemezan devant la prison où il est enfermé.

 

La manifestation de cette année s'est tenue le 26 octobre dernier, à l'appel de la Campagne Unitaire pour la Libération de Georges Abdallah.

 

Comme chaque année, les manifestants défilant jusqu'à la prison ont fait sonner les grillages de leurs pierres, raisonnant jusqu'à l'intérieur des geôles comme un message de solidarité avec les prisonniers : à Georges et aux Kanaks, Basques et autres détenus politiques. Ces derniers ont pu, un bref instant, faire entendre un « tahia falastin » jusqu'à l'extérieur en réponse.

 

Devant le portail principal, face aux barbelés et aux mercenaires de l'Etat français, une militante a lu les mots de Georges, adressant ses salutations révolutionnaires à la résistance palestinienne, a tous les peuples en lutte contre l'impérialisme et aux travailleurs de la métropole.

 

Un hommage a été rendu à la militante Suzanne Le Manceau, décédée récemment. Cofondatrice du collectif pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah, elle a été toute ces années un des piliers de la campagne pour sa libération.

 

Par la suite, de nombreuses interventions politiques se sont succédé en faveur de la libération de Georges. De très nombreux liens ont été établis entre la lutte de libération nationale du peuple palestinien actuelle et la cause de tous les prisonniers politiques.

 

Avec plus de 4000 participants de toute la France, cette année est un nouveau record et une preuve de la solidarité grandissante pour Georges, qui fut longtemps considéré comme un lépreux par la gauche humaniste qui refuse de défendre “des mains pleines de sang”, mais aussi par une partie du courant d'opposition de classe au sein du mouvement ouvrier.

 

Cet élargissement de la mobilisation est un acquis pour sa libération et une avancée politique pour celles et ceux qui y prennent part. Des franges de plus en plus larges revendiquent la défense d'un résistant qui n'a jamais voulu se conformer à la légalité qui sert l'ordre du capital.

 

La manifestation annuelle et la campagne menée au quotidien devient un des marqueurs avec lesquels les révolutionnaires peuvent se reconnaître, développer l'unité et la pratique commune, tout en révélant leurs contradictions.

 

Georges est ainsi à l'image des prisonniers politiques palestiniens et du Sumud, la philosophie de la résistance et de la résilience face à l'emprisonnement et aux tortures. En Palestine, le mouvement des prisonniers a constitué une avant-garde politique, délimitant le chemin de l'unité des factions de la résistance, et une école de formation capable de produire des dirigeants expérimentés et courageux, à même de mener la lutte de libération nationale. On peut citer Ahmad Sa'adat, Khalida Jarrar, Marwan Barghouti, tous encore en prison, mais aussi Yahya Sinwar, martyr assassiné les armes à la main le 16 octobre dernier. Pour les 9000 prisonniers politiques palestiniens, les conditions de détention ont encore empiré depuis le 7 octobre. Elles sont un enfer inégalé depuis les geôles et les camps nazis qui hantent la mémoire de l'Europe.

 

C'est-à-dire l'importance de la cause des prisonniers. C'est une des raisons du ciblage répressif contre les organisations qui les soutiennent, comme Samidoun, attaqué partout en Europe par les machines répressives aux services des bourgeoisies impérialistes.

 

C'est aussi la raison du matraquage médiatique pour rendre ces causes indéfendables.

 

Mais pourtant, à nous prolétaires, ce procès et cette parodie de justice devraient nous parler.

 

Elle devrait faire écho à notre condition d'exploités, à qui le capital exige la soumission en permanence au sein de l'entreprise, et la met en scène à travers ses entretiens d'embauche, de sanction et d'évaluation.

 

L’exemple de Georges est un exemple de résistance dans toutes les conditions, de militantisme sur tous les terrains. Il a participé à l’activisme politique, à la lutte armée, dénoncé l’impérialisme depuis les tribunaux, et continué à jouer un rôle militant depuis l’intérieur des murs de sa prison.

 

Lui-même parle de la nécessité de développer le bloc social historique, celui des exploités et opprimés au sein de la métropole impérialiste. Un bloc qui, une fois conscient de sa propre existence, de sa force et de son potentiel révolutionnaire, pourra renverser la bourgeoisie impérialiste aux côtés des peuples opprimés par cette dernière.

 

Son apport le plus précieux au mouvement ouvrier de notre pays, et le plus coûteux à la classe dirigeante est certainement celui ci : à travers la mobilisation pour sa libération, les conditions progressent pour la formation de ce bloc historique, par la mise en débat d’orientations révolutionnaires de lutte, parce que s’engager pour sa libération signifie accepté d’être marqué comme défendant une cause qui ne fera jamais partie des “causes acceptables” pour le pouvoir capitaliste, parce que la pratique militante qui se développe en faveur de sa libération est un terrain d’expérimentation pour une unité révolutionnaire, bien que encore très insuffisant.

 

Cela dit, il faut noter que l’élargissement de la solidarité avec sa libération amène des organisations et individus qui ne partagent pas les mêmes raisons de défendre sa libération. Ces derniers temps un certain nombre de positions “humanistes” se développent. Elles se résument à dire que Georges Abdallah a “déjà payé pour ses crimes”, bien entendu condamnés comme “indéfendables”, et à demander sa libération uniquement parce que son enfermement constitue une “peine de mort lente”.

 

Ce genre de positions devrait être débattues : ne participent-elles pas au processus refusé par Georges, de neutralisation de son identité politique, de transformation de son rôle actif de militant politique incarcéré en un rôle de victime passive d’une simple dérive judiciaire ?

 

Une nouvelle demande de libération a été déposée. Le rendu judiciaire aura lieu le 15 novembre prochain. Dans l’attente du résultat, la meilleure chose à faire est de poursuivre les initiatives pour sa libération, et de s’inspirer de son exemple dans toutes les luttes, face à toutes les injustices et tous les empiétements du capital, pour y trouver la même intransigeance révolutionnaire que celle dont il fait preuve depuis 40 ans. Un principe résumé de la meilleure façon par ses propres mots.

 

“Je ne regretterai pas

Je ne me compromettrait pas

Je continuerai à résister”