Le Nouveau Front Populaire créé dans l’urgence pour les législatives anticipées, est une alliance exclusivement basée sur des objectifs électoralistes. Ce front visant à constituer un bloc de gauche capable de s’opposer à la montée du Rassemblement National et à la politique macroniste, montre son incapacité à aller au-delà du cadre parlementaire.
Le programme défendu par le NFP pendant la campagne est, au mieux, réformiste. En dépit des discours dénonçant les inégalités et l’austérité, le programme ne propose aucune rupture réelle avec le capitalisme. Les réformes proposées restent des ajustements du système, visant à adoucir ses effets les plus destructeurs sans en toucher les fondements. Il n’est question ni de s’opposer aux logiques profondes de l’exploitation, ni de mettre en place une socialisation de la production, ni d’en finir avec la participation active de la France aux guerres impérialistes. En cela, le NFP s’inscrit dans la tradition des fronts populaires historiques, qui ont cherché à négocier des compromis avec la bourgeoisie plutôt qu’à s’organiser pour une véritable révolution par et pour les travailleurs.
Le NFP, n’ayant obtenu qu'une majorité relative, n’a pas su
s’imposer comme alternative à un gouvernement réactionnaire. Cette demi-victoire électorale s’est rapidement transformée en une bataille médiatique énergivore pour la reconnaissance d’une
victoire institutionnelle. Les luttes sociales qui auraient pu naître de la colère contre les réformes antisociales, contre l'austérité annoncée, contre la montée du RN, contre la guerre qui bat
son plein grâce aux armes françaises distribuées à tour de bras à travers le monde, ont été étouffées par cette focalisation sur les institutions, empêchant toute dynamique de mobilisation et
d'organisation indépendantes dans le camp des travailleurs.
Preuve en est l’attitude de la CGT, censée être le moteur des luttes ouvrières, qui a choisi de plonger dans le combat légaliste et institutionnel du NFP, au niveau de sa direction nationale et de nombreux syndicats. Cet enfermement dans la lutte parlementaire, au détriment de l’action collective sur les lieux de production, a dramatiquement affaibli les capacités de mobilisation du syndicat, éloignant les travailleurs des luttes de terrain et les privant des outils nécessaires pour établir un véritable rapport de force face au patronat, comme en atteste l’absence de réaction et de stratégie de combat face à la mise en place du gouvernement le plus à droite de la Vème république.
Il est donc évident que le NFP, en menant à son paroxysme la logique électoraliste d’une alliance de gauche « à tout prix », représente un danger pour la classe ouvrière. L’illusion qu’un changement social peut se faire sans confrontation directe entre le travail et le capital, par des réformes progressives et des compromis au sein même des institutions bourgeoises, est dangereuse. Elle ne fait que retarder la nécessaire rupture avec le système, sans laquelle nous sommes condamnés à nous battre éternellement pour conserver nos conquis, comme c'est le cas aujourd'hui, et nous voyons bien que le résultat n'est pas en notre faveur.
Le capitalisme ne peut pas être réformé sur le long terme, c’est
pourquoi la seule voie pour sortir de la crise est de reconstruire un mouvement communiste sur des bases claires de lutte révolutionnaire, visant la prise de pouvoir économique et politique par
les travailleurs eux-mêmes. Cela implique de rompre avec les logiques parlementaristes et de travailler à la construction d’un rapport de force, à travers la mobilisation des travailleurs, des
précaires et des chômeurs. Ce n’est que par la lutte collective, par la grève et l’organisation à la base que la classe ouvrière pourra espérer renverser le capitalisme pour construire une
société tournée vers la réponse aux besoins sociaux et véritablement émancipatrice.