Le mouvement des Gilets Jaunes a surgi après une nouvelle augmentation du prix du
carburant et est devenu un symbole mobilisateur d’une partie du prolétariat, notamment péri-
urbain, d’habitude peu mobilisé dans les batailles syndicales et politiques, et soudainement
présent sur les ronds-points pour revendiquer son droit à ce que le travail subvienne à ses
besoins.
La répression, sécuritaire et judiciaire du mouvement a été très violente. Le mépris
présidentiel et patronal, le nombre sidérant d’arrestations et de mutilations par balles LBD a
dévoilé la réalité du régime à des millions de Français.
Beaucoup de fantasmes ont été agités autour des Gilets jaunes. Les médias et certains
opportunistes en ont fait des marginaux révolutionnaires ou réactionnaires, une nouvelle
classe sociale…. C’était surtout, et avant tout, une partie de notre classe.
Son anniversaire est l’occasion de deux rappels.
Le premier envers l’ennemi de classe : toutes les attaques du capital provoqueront toujours
une résistance issue du peuple, même des façons les plus inattendues. Jamais la lutte ne
s’arrêtera.
Le deuxième aux organisations de notre classe : des portions entières du prolétariat ne sont
pas organisées de façon durable, avec une stratégie et des buts communs, qui identifient le
capitalisme comme l’ennemi à abattre, et pas juste une de ses incarnations. Cette situation
nous pousse vers des défaites successives et la démoralisation de notre camp.
Le mouvement des Gilets Jaunes a aussi rappelé que c’est par l’action que les travailleurs
se politisent, en faisant par eux-mêmes l’expérience de l’organisation collective, du déni de
démocratie, de la répression. Pour les organisations de travailleurs, la tâche fondamentale
n’est donc pas tant de chercher en permanence à démontrer que le système est mauvais,
anti-démocratique, autoritaire, etc. Mais plutôt d’être en capacité d’être un véhicule politique,
idéologique, organisationnel utile aux luttes de notre classe : un outil collectif efficace avec
un objectif commun précis.
C’est ce chemin qui peut construire l’unité, la conscience, la confiance dans notre capacité à
vaincre, développer la politisation et la radicalité offensive.
Construire un bloc uni de la classe ouvrière nécessite cependant de prendre acte des
réalités : est-il envisageable d’être un jour assis à la table avec les fondés de pouvoir du
patronat, de nouer des alliances sans fin en vue de cogérer le capital, et le lendemain d’être
crédible auprès de travailleurs qui se battent pour leurs fins de mois ? Non, c’est impossible,
et cela montre qu’une rupture est indispensable avec toutes les forces politiques qui
prétendent aménager un capitalisme à visage humain.