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Un nouveau prétexte pour le capital

La gestion sanitaire publique du coronavirus ne doit pas être analysée en dehors du cadre socio-économique selon lequel elle a été pensée et mise en place. Il est d’ailleurs saisissant de remarquer à quel point le gouvernement et les éditorialistes bourgeois se sont employés à les déconnecter en faisant usage de la rhétorique guerrière ; comme si les mesures mises places n’auraient été prises que pour répondre aux seuls impacts économiques imputables au Covid 19 et comparables à ceux de la Première Guerre Mondiale.


Ainsi, la première mesure mise en place par les États – et le gouvernement français ne déroge pas à la règle – a été un grand plan de 300 milliards d’euros de prêts aux entreprises garantis à hauteur de 90% par l’État. Il s’agissait donc, dès les premiers jours de la crise Covid 19 – avant même de penser à la production et la distribution des masques à la population – de rassurer les capitalistes financiers en injectant massivement de l’argent publique dans les trésoreries des grandes entreprises. Pourquoi ? Parce que la capitalisation boursière des entreprises – les profits attendus – est déconnectée des profits effectivement réalisés.


Un capital gavé d’argent public


Ainsi pour satisfaire les impératifs financiers des actionnaires, l’État intervient de deux manières : en gavant le patronat de cadeaux fiscaux et en leur livrant la part la plus rentable des services publics à travers des « partenariats » publics-privés.


L’exemple le plus illustratif de ces cadeaux fiscaux attribués au patronat est le Crédit Impôt pour la Compétitivité et l’Emploi (CICE). Carrefour a bénéficié de centaine de millions d’euros tout en continuant sa politique destructrice d’emploi et sans augmenter les salaires ni réduire le temps de travail malgré une lutte syndicale importante qui a démontré que l’argent du CICE était directement allé dans la poche des actionnaires. Au total, depuis la création du CICE en 2013, la politique fiscal de l’État au service du capital aura coûté l’équivalent d’un an de budget de l’État : plus de 300 milliards ! Au temps du coronavirus, cette politique a atteint un niveau sans précédent avec le chômage partiel. L’État et l’Assurance-Chômage ont assumé le maintien du salaire de près de 13 millions de travailleurs pour un montant global de 60 milliards d’euros. Cette politique au service exclusif du capital a un coût : la destruction des droits sociaux des travailleurs.


L’Etat ne peut pas verser l’intégralité d’un an de son budget aux capitalistes sans exiger de contrepartie pour « équilibrer les comptes publics ». Et les contreparties de cette politique, ce sont les travailleurs qui les payent par la privatisation des services publics et la marchandisation de la santé, de l’énergie, des transports…

En temps de Covid 19, nous la payons par le tribut le plus lourd qui soit : plus de 30.000 morts. En effet, en organisant la casse de l’Hôpital public – fermeture de services, de lits ou d’hôpitaux de proximité – et en asséchant son budget par l’introduction de la tarification à l’activité (T2A), l’État est responsable de ces morts !


En organisant l’endettement des caisses de notre système de protection sociale – par la non compensation de plusieurs dizaines de milliards d’euros d’exemption et d’exonération de cotisations sociales – l’Etat impose la casse de l’Assurance Chômage et la misère pour 11 millions de travailleurs privés d’emploi et précaires. Il étanche la soif de profit de quelques-uns et prive de pain des familles entières !


La gestion de la crise du coronavirus n’est donc pas une parenthèse mais un catalyseur de l’antagonisme de classe entre le travail et la capital. Si l’origine de cette crise est bien sanitaire, la gestion qui en a été faite est sociale et économique : c’est une gestion capitaliste, au service du profit et non des besoins. Remettre en question la gestion de l’État de cette crise passe donc nécessairement par la remise en question de la nature profonde du système capitaliste : la propriété privée des moyens de production.


C’est bien parce que la propriété privée capitaliste existe que certains s’enrichissent en faisant du par l’exploitation du travail des hommes même en temps de crise sanitaire. C’est bien pour maintenir le taux de profit des capitalistes que l’État gave le patronat de cadeaux fiscaux et organise la casse du service public et de la protection sociale qui sont les piliers sur lesquels une autre gestion publique aurait été possible.

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