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Birmanie : le Parti Communiste reprend la lutte armée contre la dictature

Au pouvoir depuis le coup d’Etat du 1er février 2021, la junte militaire qui a écrasé les manifestations pacifiques et brisé la grève générale par la force, fait désormais face à la reprise de la lutte armée du Parti Communiste de Birmanie. Plus de 1 200 personnes ont été tuées par l’armée depuis le coup d’Etat, et plus de 8000 personnes (estimations basses) sont emprisonnées.

La junte militaire birmane, qui n’a jamais lâché le pouvoir dans le pays depuis 1948, adopte traditionnellement, et depuis longtemps, une stratégie d’équilibre avec ses deux principaux alliés, la Chine et les Etats-Unis. Débouché sur l’océan indien et point d’étape dans la route de la Soie pour les Chinois, la Birmanie est aussi un enjeu pour Washington qui souffle le chaud et le froid tout en se gardant bien de mettre la junte militaire en difficulté.


Dans une interview accordée au journal marxiste britannique « The Morning Star », un responsable du PCB a confirmé que le Parti Communiste avait reconstitué son Armée populaire de libération pour lutter contre la junte : « Nos tentatives pour reconstruire l'APL ont commencé bien avant les annonces médiatiques. […] les nouvelles conditions qui ont émergé de la résistance du peuple contre le coup d'État de la junte ont rendu cette reconstruction effective »


Le porte-parole du Parti communiste a ajouté : « Dans un pays comme la Birmanie, où l'élite dirigeante à la gâchette facile, a recours aux armes contre des étudiants non armés sur les campus universitaires, nous avons tiré des leçons de l'histoire. Cela nous a appris à recourir aux armes pour lutter contre des démons sur-armés. »


Pour le Parti Communiste, la reconstitution de son appareil militaire ne remet aucunement en cause les luttes de masse pacifiques. « Nous reconnaissons la valeur héroïque et les sacrifices des personnes qui mènent des luttes non armées. Ces mouvements sont remarquables, et nous les saluons, aussi bien ceux qui sont encore en vie que ceux qui ont donné leur vie », a ainsi relevé le porte-parole du PCB auprès du Morning Star.


« Nous savons très bien que les militaires ont assassiné nombre de nos camarades pour la simple raison qu'ils se sont dressés contre eux. Nous ne pensons pas que les généraux assoiffés de pouvoir, qui sont armés jusqu'aux dents, puissent être renversés par une quelconque forme de lutte en dehors des moyens armés. », a-t-il ajouté, précisant que le Parti Communiste n’était pas opposé en principe à des négociations entre l’opposition et les militaires tout en rappelant que ces négociations ne suffiraient pas à chasser la dictature et que l’idée d’un retour au statu quo pré-coup d’Etat était une illusion.


Pour le Parti Communiste, la constitution birmane d'avant le coup d'État n’apporte en effet rien en termes de démocratie populaire et de progrès social tant ce document consacrait la mainmise des militaires sur l’ensemble des rouages de l’Etat. « Nous, qui avons eu affaire à des dictateurs militaires pendant des décennies dans ce pays, pensons qu'un véritable changement dans le groupe au pouvoir en Birmanie ne peut se faire que par les armes », a encore relevé le porte-parole du PCB. Pour ce dernier, le système politique fruit d’un compromis avec les militaires laissait à ces derniers de toute façon la main sur l’économie du pays.


Colonie britannique, la Birmanie est indépendante depuis 1948. En 1947, le général Aung San, membre de la Ligue antifasciste pour la liberté du peuple (organisation proche du Parti Communiste, fondé en 1939), prend le pouvoir à la suite de la guerre contre l’occupation japonaise. Mais il est assassiné le 19 juillet 1947 à l’instigation des autorités précédentes.


L’insurrection lancée par le Parti Communiste en réponse à cet assassinat se transforme en guerre civile, tandis que des guerillas séparatistes s’opposent à la brutalité du pouvoir central.

Plusieurs guérillas existent depuis plusieurs décennies dans le pays, illustration de la profonde division de la Birmanie, notamment sur fond de nettoyage ethniques de certaines minorités. Pour le Parti Communiste, en guerre depuis 1948 contre l’Etat birman, les régimes militaires successifs ont été incapables d'unir ce pays multiethnique, même sous la menace des armes, en raison du manque de légitimité populaire et du chauvinisme ethnique birman.

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